Québec en Forme est un organisme créé et contrôlé par la Fondation Chagnon. Il a pour mission d’organiser des projets d’activités physiques et de saines modes de vie pour les enfants de 0 à 16 ans.
Pour opérationaliser sa mission,
Québec en forme s’est régionalisé. Il y a des personnes de son équipe embauchées dans toutes les régions du Québec. En Outaouais-Abitibi, il y en a sept (7).
C’est donc en région que
Québec en forme cherche des partenaires avec lesquels il monte, supervise et finance des programmes d’activité physique qui se réalisent en milieu scolaire ou para-scolaire (un samedi matin ou dans un organisme communautaire famille par exemple). Pour réaliser son programme régionalisé,
Québec en forme crée des partenariats territoriaux qui s’appellent les
Comités d’action locale (CAL). Un CAL, qui embauche et supervise le personnel du
Québec en Forme, est composé des directeurs des écoles du territoire visé, des représentants du CSSS, des groupes communautaires (particulièrement du secteur famille), des maisons des jeunes, etc). Les projets soutenus sont ceux qui répondent aux objectifs étroits de la Fondation Chagnon (activités physiques, alimentation, 0 à 16 ans).
Le financement
L’ensemble des projets administré par
Québec en forme est financé par le
Fonds pour la promotion des saines habitudes de vie. Ce Fonds de 400 millions $ a été constitué pour une période de dix ans, par l’adoption d’une loi publique (
La Loi instituant le Fonds pour la promotion des saines habitudes de vie, juin 2007). (Les 400 millions $ est le cumul, sur dix ans, d’un investissement annuel de 20 millions $ par la Fondation Chagnon et de 20 millions $ par le Gouvernement (et dont les détails se trouvent dans la législation)
Le Fonds pour la promotion des saines habitudes de vie est géré par une société de gestion qui réunit le ministre de la Santé et des Services sociaux et la Fondation Chagnon. La société de gestion gère les contributions des partenaires et les affecte à la réalisation des objectifs du Fonds. La majorité du Fonds, soit 75% est destinée à financer des projets issus des communautés locales pour des interventions en alimentation et en activité physique auprès des jeunes de 0 à 17 ans.
Déstabilisation du milieuDepuis sa création, on critique la très riche Fondation Chagnon de déstabiliser le milieu.
Québec en Forme est un excellent exemple.
D’abord, comme n’importe quelle fondation, la Fondation Chagnon a des objectifs. Il doit dépenser son argent en respectant ses objectifs. À la différence d’autres fondations, la Fondation Chagnon est elle-même très riche.
Aussi à la différence des autres fondations, la Fondation Chagnon est étroitement en lien avec l’État. Elle participe à la formulation des plans d’action gouvernementaux et des projets de loi publics. Comme par hasard, ces deux (plans d’action et projets de loi) vont exactement dans le même sens que les objectifs de la Fondation. Avec la création des deux fonds dédiés pour soutenir les deux organismes
Québec en Forme et
Québec Enfants de la Fondation, elle met la main sur un total de
800 000 000 $ ( dont
350 000 000 $ des
fonds publics) pour soutenir
ses objectifs.
Ensuite, la Fondation réalise ses objectifs sur le plan local en créant des partenariats, les CAL. Ces partenariats sont formés autour des objectifs de la Fondation, c’est-à-dire les saines habitudes de vie, l’obésité, l’activité physique et les jeunes (définis comme entre 0 et 16 ans.)
Impact sur le communautaire.
D’emblée, les 350 000 000 $ investis dans les fonds dédiés de la Fondation Chagnon, c’est 350 000 000 $ que l’État ne verse pas aux organismes communautaires en financement de mission ou aux écoles pour soutenir l’éducation publique.
Plus spécifiquement, le communautaire a soudainement accès a beaucoup d’argent… d’argent « tagué » aux objectifs de la Fondation Chagnon. Les groupes communautaires peuvent y avoir accès dans la mesure où ils développent des activités
1) qui ne sont pas demandées par leurs membres ; mais
2) qui sont conformes aux objectifs de la Fondation Chagnon ;
ET
3) dans la mesure où le groupe accepte de dégager des ressources pour participer à des rencontres partenariales du CAL.
Exemple. Une maison de quartier fait de l’intervention dans son quartier. Auprès des adultes, des aînées, des ados et des jeunes. Elle a une friperie, une cuisine collective. Elle organise des café-rencontres sur des enjeux socio-politiques. Elle offre des séances de couture, organise de l’aide aux devoirs, et l’été elle parraine un jardin communautaire. Et elle offre un service d’halte-garderie pour permettre aux parents de participer aux activités de l’organisme. Tout ça avec un très petit budget et une équipe de travail de trois personnes. Et beaucoup de bénévoles.
La Fondation Chagnon arrive avec
Québec en Forme et sa porte-feuille. La maison est invitée à participer au CAL et donc de pouvoir avoir accès à des sous supplémentaires (30 000$) si elle embarque dans la programmation proposée. Elle y va, déniche le 30 000$ … et découvre qu’elle s’est engagée dans une toute nouvelle voie où les priorités ne sont plus les siennes. Pour avoir les 30 000$, elle doit être ouverte le samedi matin (activités physiques des ados), participer à des rencontres régulières du CAL (donc du temps où les travailleurs sont à l’extérieur de la maison), établir des liens avec l’école primaire du coin (sur des dossiers qui ne l’intéressent pas – elle avait déjà un lien avec l’école sur les dossiers qui l’intéressait…). Elle doit ajouter à son horaire des activités pour les 0 à 16 ans sur les saines habitudes de vie… En fait, on doit utiliser tout le 30 000$ pour créer un poste pour répondre à des besoins qui n’étaient pas là avant que les 30 000$ soit dans le décor.
Sommes-nous dans les patates ?
Avez-vous des exemples semblables ?
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